Hôpital cantonal d’Aarau

Un espace pour la guérison

Un changement de paradigme se dessine au niveau du complexe hospitalier actuel, accordant une place plus importante à l’être humain et reléguant au second plan la «machine hospitalière» – l’hôpital passant au rang d’ouvrage de santé. Une opportunité pour l’Hôpital cantonal d’Aarau de devenir une maison à échelle humaine offrant un espace urbain et architectural adéquat pour la guérison des patients dans ses multiples facettes.

À l’époque de son entrée en service en 1887, le centre hospitalier cantonal d’Aarau se composait d’un vaste parc accueillant des bâtiments de type pavillon, disséminés ici et là. La lumière, l’air et les espaces verts étaient considérés comme des éléments essentiels de la guérison. Au fil des années, cette relation étroite entre l’architecture et la nature s’est progressivement estompée sous l’effet des nombreuses interventions structurelles.

Concept urbain et architectural

L’objectif du projet est de récupérer le caractère historique de l’Hôpital cantonal en tant que maison dans le parc – dans le cadre d’un concept contemporain évitant les déficits actuels tels que le manque de connexion et de flexibilité.

Moyennant l’échelonnement des surfaces et des volumes, l’ouvrage s’entrelace avec l’espace naturel. Le bâtiment s’adapte à l’échelle de l’environnement, son volume n’étant jamais perçu comme un tout. Le parc pénètre profondément à l’intérieur du complexe par le biais des toits végétalisés et un grand nombre de cours intérieures vertes. L’omniprésence de la nature et de la lumière naturelle à l’intérieur, les diverses interactions entre l’intérieur et l’extérieur, la proximité et la distance entre l’ouvrage, le parc et la ville, définissent les caractéristiques essentielles du nouvel hôpital cantonal.

L’ouvrage s’articule autour d’une structure de base simple et fonctionnelle, dont la clarté facilite l’orientation: trois étages intégrés dans le socle accueillent les zones publiques, les soins et les services médicaux. Grâce à leur disposition horizontale, ils assurent de nombreuses connexions entre les zones fonctionnelles d’un même niveau. Le socle est surmonté de cinq étages supérieurs basés sur une structure en peigne généreusement baignée par la lumière naturelle et offrant de larges points de vue dans cet espace majoritairement réservé aux soins. L’infrastructure s’appuie également sur deux étages inférieurs.

Depuis le parc, on accède au hall central à deux niveaux, le plus grand espace intérieur formant le centre semi-public de l’hôpital, par la cour et l’entrée principale. Le hall est un lieu d’accueil, d’information et de rencontre, il favorise l’échange et le flux d’information entre les différents groupes d’utilisateurs et offre d’agréables espaces d’attente et de séjour ainsi qu’une orientation claire. Il accueille également les ascenseurs publics, points d’accès centraux de la circulation verticale.

En parallèle au hall, intégrées dans le socle, on trouve les deux ailes des étages supérieurs, reliées entre elles par des zones de réception semi-publiques, dotées d’espaces de séjour et offrant une large vue sur les toits végétalisés et l’extérieur. De là, on accède aux différents services.

Dans son expression architecturale, l’ouvrage est caractérisé par une loggia périphérique assurant la connexion entre l’intérieur et l’extérieur et rappelant les loggias et les arcades des bâtiments hospitaliers historiques. Avec ses jeux changeants d’ombres et de lumières au fil des journées et des saisons, cette zone donne à l’ouvrage son caractère prédominant et fait simultanément office de protection permanente contre le soleil et les intempéries, d’accès pour la maintenance ou les pompiers et, dans la mesure du possible, d’évacuation.

Les matériaux de l’ouvrage sont durables, demandent peu d’entretien et peuvent acquérir une certaine patine avec l’âge. La structure extérieure de la façade se compose d’éléments en béton apparent préfabriqués contenant des pierres naturelles dont la surface est en partie sablée, en partie poncée. La façade intérieure est une construction en éléments hautement isolants en aluminium anodisé bronze clair.

Les éléments tectoniques tels que les piliers et le hall sont également en béton apparent. Les revêtements, quant à eux, sont en blocs de béton, en caoutchouc ou en bois selon la zone, et les plafonds en éléments métalliques perforés réversibles. Les éléments muraux tels que les portes, le mobilier encastré et les vitrages intérieurs sont peints en couleurs, et les protections murales en caoutchouc coordonné.

Les rapports intérieur - extérieur, lumière et ombre, structure permanente/dure et enveloppe légère souple, déterminent l’expression architecturale de l’ouvrage.

Sa construction est basée sur une trame de base continue et aléatoire de 8,40 m, adaptée aux affectations les plus diverses et offrant donc une haute flexibilité dans l’agencement des zones fonctionnelles. Les hauteurs sous plafond retenues offrent des réserves pour les installations et autorisent des changements d’affectation. Grâce aux piliers disposés régulièrement tous les 1,40 m, la trame des éléments de façade offre des points d’ancrage flexibles pour les cloisons intérieures.

Grâce à la haute flexibilité globale et à la division rigoureuse du système, il est toujours possible de changer l’affectation par une réorganisation de l’espace intérieur. À moyen terme, l’ensemble de la structure peut grandir, soit en prolongeant les ailes vers le nord, soit via une extension vers l’ouest. À long terme, il existe un potentiel d’expansion sur l’aire du parc vers l’ouest de la promenade.

Espace libre et circulation

L’aire totale délimitée par le rideau végétal périphérique se divise en deux zones qui rappellent la situation historique du complexe: un élément à l’est comprenant le nouvel hôpital cantonal, face à une zone située à l’ouest formant un vaste parc ouvert au public. Ce nouveau parc paysager relie l’espace hospitalier à la cité-jardin environnante, et se pose en «poumon vert» contribuant à la qualité de vie du quartier.

Au centre du parc, une succession d’espaces libres jalonnent la promenade qui relie le bâtiment et le parc. Ils sont rattachés spatialement à l’ouvrage historique n° 22, et interconnectent le complexe avec la ville des deux côtés: au nord via l’allée de châtaigniers historique réactivée, et au sud près de l’accès actuel au complexe.

Ce secteur est aménagé d’un accès pour le bus, de parkings pour les vélos et d’un accès réservé à l’hôpital avec des places de stationnement de courte durée. L’entrée des «Urgences» se situe sur le côté est depuis l’allée sud, et est dotée d’un accès réservé et de places de parking. Le complexe est donc largement exempt de circulation motorisée.